C’est à partir de 1971, de retour en Suisse après six années fructueuses passées en Irlande, qu’Edmond Quinche devient le lithographe attitré de l’Atelier de Saint-Prex, et que dans cette tâche il va se lier à de nombreux artistes travaillant sur place, comme Pierre Tal Coat, Jean Lecoultre ou encore Albert Chavaz, notamment. Il est, aux côtés de son maître Albert- E. Yersin et de Pietro Sarto, de ceux qui par leur engagement total envers l’art de l’estampe favoriseront, en 1977, la naissance de la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex ainsi que le premier Cabinet des estampes installé au musée de l’Élysée dès 1979. Son œuvre lithographié et dessiné conservé dans nos fonds (plus de 450 numéros) provient d’abord du « dépôt légal » de l’Atelier, puis de nombreux dons, et notamment celui, très substantiel, offert en 2022 par ses amis Christian Berton, Rose-Marie et Claudine Huguet. Un film lui a récemment été consacré dans lequel il répond aux questions de Philippe Ungar.
Le peintre-lithographe Edmond Quinche, né en 1942 à Zurich, grandit jusqu’à ses neuf ans en Argovie, avant que sa famille ne s’installe dans le nord du canton de Vaud. Malgré la réticence initiale de son père, le jeune Edmond Quinche, qui dessine avec passion les paysages de la campagne avoisinante, entre à l’École des Beaux-Arts de Lausanne, où il a notamment pour professeurs le peintre Jacques Berger et le graveur Albert-Edgar Yersin. Aux Beaux-Arts, Quinche se passionne pour la lithographie, la technique de gravure qui se rapproche le plus du dessin. Ses études d’art achevées, Quinche s’installe en 1965 avec sa femme sur la côte sud de l’Irlande, dans un ancien logis de garde-côtes. Ce séjour irlandais, qui durera six ans, façonnera sa manière de voir et laissera une empreinte durable sur son œuvre. Pendant ces années passées à l’étranger, Quinche reste en contact avec d’anciens élèves de Yersin, dont Pietro Sarto, et prend part à l’aventure qui donne naissance en 1968 à l’Atelier de taille-douce et de lithographie de Villette, devenu en 1971 l’Atelier de Saint-Prex. Si Quinche travaille pour les autres, toujours attentif à leurs besoins, il expérimente sans cesse les possibilités inscrites dans son matériau, la pierre lithographique, tout en continuant à développer en parallèle les deux autres pans essentiels de sa pratique, à savoir le dessin et la peinture. Depuis son installation en 1971 à Baulmes, au pied du Jura, où il vit et travaille toujours, Quinche a édifié, en marge des modes et des courants artistiques de son époque, une œuvre singulière, qui frappe par son grand souci d’exigence et par une absence totale de compromission. C’est dans un dialogue avec les grands maîtres du passé (Poussin, Claude Gellée, Constable, Corot) que s’inscrit l’œuvre de paysagiste de Quinche. Et même quand ses compositions se font plus évanescentes, plus difficiles à rattacher à une réalité donnée, Quinche réfute catégoriquement l’idée d’une abstraction, insistant sur l’importance fondamentale du rôle joué par la nature dans son processus créatif.