Artiste d’une remarquable discrétion, Gérard de Palézieux est non seulement un peintre-graveur et dessinateur à l’œuvre abondante, mais il est également à l’origine de la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex. Parallèlement à son œuvre, cet artiste respectueux du passé a constitué au fil des ans une remarquable collection, qu’il a généreusement léguée à la fin de sa vie à la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex.
Après avoir étudié jusqu’en 1939 à l’École des beaux-arts de Lausanne, Gérard de Palézieux s’en détache rapidement, se rend en Italie où il séjourne pendant plusieurs années, retenu par la guerre. Il suit des cours à l’Académie des beaux-arts de Florence, travaille dans un atelier d’artistes locaux, et consacre ses étés à dessiner les paysages de la campagne toscane. À la fin du conflit, il fait la découverte, décisive, de l’œuvre de Morandi (qui deviendra son ami quelques années plus tard). C’est également de ce séjour italien que date l’initiation de Palézieux à la gravure, technique qui restera essentielle dans son approche. De retour en Suisse en 1943, il s’installe en 1946 à Veyras, près de Sierre, où il vivra jusqu’à sa mort en 2012. Au fil des décennies, il édifie, avec discrétion, mais avec une exigence et une maîtrise technique rares, une œuvre délicate mais néanmoins très prolifique, mêlant peintures, aquarelles, dessins et gravures.
L’œuvre gravé de Palézieux, qui comprend près de 1 200 estampes réalisées sur plus de soixante ans, est, comme le reste de son œuvre, avant tout consacré à la nature morte et au paysage – en particulier du Valais, mais aussi des lieux qui lui étaient particulièrement chers, comme Grignan, la Toscane et Venise. On y trouve également, bien que de manière plus rare, des figures humaines, et en particulier des nus féminins. Lié d’amitié avec des poètes comme Gustave Roud, Maurice Chappaz, Yves Bonnefoy ou encore Philippe Jaccottet, Palézieux a également illustré de nombreux ouvrages. Sur le plan technique, Palézieux a d’abord réalisé des compositions d’une grande rigueur à partir d’un système très singulier de maillage de tailles. Dès la fin des années 1970, pourtant, en même temps qu’il découvre l’aquarelle, il commence à employer le vernis mou et l’aquatinte dans ses compositions à l’eau-forte. Passionné par les découvertes techniques des artistes qu’il admire, Claude Gellé ou Degas, notamment, il est parvenu à obtenir des effets de valeurs comparables à ceux de la peinture. Toujours au travail sur le cuivre, Palézieux n’a pas dédaigné de recourir à la lithographie et au monotype. En 1993, un ouvrage paraît aux Éditions Skira avec des essais d’Yves Bonnefoy et Florian Rodari. Et en 2019, la Fondation Custodia, à Paris, et la Fondation Cuendet, au Musée Jenisch Vevey lui consacrent une importante rétrospective.
La Fondation William Cuendet & Atelier de Sant-Prex conserve la totalité des cuivres gravés par Palézieux, les épreuves tirées de ceux-ci, quelques huiles et aquarelle, un important lot de dessins et de carnets ainsi que la plupart des livres illustrés par le graveur.