Le fonds d’œuvres de l’artiste Marianne Décosterd est constitué tout d’abord du dépôt de ses gravures imprimées sur les presses de l’Atelier de Saint-Prex. À cet ensemble sont venus s’ajouter un complément de 292 pièces fait par elle-même en 2004. Après son décès, la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex a acquis quelques dessins de l’artiste. En 2020, Pierre Schopfer a encore offert à la Fondation 144 compositions gravées ou dessinées en mémoire de son épouse.
Née à Lausanne en 1943, la graveuse et dessinatrice Marianne Décosterd étudie de 1959 à 1963 à l’École cantonale des Beaux-Arts de Lausanne, où elle est notamment l’élève d’Albert-Edgar Yersin, avant d’effectuer un séjour à l’Académie des Beaux-Arts de Munich (1962-1965). Avec Yersin et d’autres étudiants passionnés de gravure – dont Pietro Sarto –, elle participe à la fondation du groupe l’Épreuve, avec lequel elle prend part à de nombreuses expositions. Après la fondation de l’Atelier de Saint-Prex en 1971, elle devient l’un de ses membres les plus actifs, collaborant régulièrement avec Pietro Sarto et Edmond Quinche. Les portraits qu’elle a réalisés durant cette période témoignent de l’atmosphère de camaraderie de l’Atelier. Dès ses débuts, la pratique de graveuse de Marianne Décosterd se caractérise par un goût de l’expérimentation, que ce soit à travers la diversité des techniques employées (burin, taille-douce, aquatinte, eau-forte, lithographie), souvent combinées les unes aux autres, mais aussi à travers l’utilisation de différents types de papier et d’impression en couleurs. Réalisées avec une rapidité et une légèreté caractéristiques, ses eaux-fortes, souvent focalisées sur un élément précis de la personne ou de l’objet représenté, témoignent d’un regard particulièrement intense et sensible. Le travail de Marianne Décosterd, récompensé par de nombreux prix et par trois bourses fédérales aux Beaux-Arts, a notamment été exposé à la galerie l’Entracte (Lausanne), la galerie Arts et Lettres (Vevey) et la galerie du Château d’Avenches. Son œuvre, dont la quasi-totalité est conservée à la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, est composé de nombreux autoportraits et portraits (notamment de son mari, le graveur Pierre Schopfer), mais comprend aussi de nombreux paysages, en particulier des vues de Bretagne, où l’artiste a fréquemment séjourné. Elle a par ailleurs réalisé de nombreuses illustrations de livres. En novembre 2017, soit une année avant la disparition de l’artiste, c’est par une exposition réunissant des œuvres de Marianne Décosterd, d’Ilse Lierhammer et de Susan Litsios, que le Pavillon de l’Estampe du Musée Jenisch Vevey a été inauguré.