De Bernardo Bellotto, neveu du célèbre Antonio Canal, dit Canaletto, la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex possède un ensemble de planches qui ont été acquises par Gérard de Palézieux à la faveur de ses recherches pour dénicher les meilleures épreuves du grand védutiste vénitien. C’est ainsi qu’il a pu acquérir de Bellotto, dont la carrière est jalonnée de succès auprès des grandes monarchies, la série complète de ses Huit eaux-fortes italiennes (1741-1742) et les impressionnantes vues de Dresde.
Bernardo Bellotto grandit à Venise dans un contexte particulièrement propice au développement artistique, puisque son oncle n’est autre que le célèbre Canaletto (1697-1768). C’est dans l’atelier de ce dernier qu’il se forme en tant que peintre. S’inscrivant dans la tradition du védutisme à laquelle appartient son illustre parent, il s’essaie tard pour la première fois à l’art de l’estampe, en réalisant huit petites eaux-fortes où l’influence de son maître est encore évidente. Sur le conseil de ce dernier, Bellotto effectue en 1742 un séjour de plusieurs mois à Rome, pour s’y perfectionner dans l’art de la peinture de vues. De 1744 à 1745, il traverse plusieurs régions du nord de l’Italie (Lombardie, Turin, Vérone) et y réalise des vues qui marquent un tournant dans sa production. En 1747, le jeune artiste décide de quitter Venise et de tenter sa chance à l’étranger. Son parcours est dès lors indissociable de ses engagements successifs auprès de différentes cours européennes. Il s’établit d’abord à Dresde, où il devient le peintre favori de la cour de Frédéric-Auguste II, prince-électeur de Saxe. C’est de cette période que datent ses vues de Dresde et de Pirna gravées à l’eau-forte en grand format. Mais la carrière de Bellotto est chamboulée par la guerre de Sept ans (1756-1763). En 1759, il quitte Dresde, occupée par l’armée prussienne, et part pour Vienne, où il reste deux ans, travaillant notamment à des commandes de l’impératrice Marie-Thérèse. En 1761, après un bref séjour à Munich, l’artiste retourne à Dresde où sa maison a été détruite pendant le conflit. Bellotto passe néanmoins quelques années supplémentaires sur les bords de l’Elbe – il y réalise notamment deux eaux-fortes qui témoignent des marques laissées par la guerre, et deux gravures représentant la forteresse de Königstein –, avant de s’installer en 1767 à Varsovie, où le roi de Pologne Stanislas II le nomme bientôt peintre de cour. Lors cette dernière période polonaise, Bellotto réalise sa dernière grande série de vues de Varsovie, avant d’y mourir le 17 novembre 1780.