La collection compte plus de 450 planches du peintre-graveur Pietro Sarto, animateur de l’Atelier de Saint-Prex et co-fondateur de la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex. Artiste infatigable, chercheur, historien de l’estampe, lecteur impénitent et fin politique, Sarto est à l’origine de très nombreuses initiatives tant dans le domaine de l’édition que dans celui des expositions. Il a en outre encouragé plusieurs amateurs d’art de son pays à s’intéresser à l’estampe. Raison pour laquelle, à côté des épreuves d’états et d’essais entrées dans la collection à la faveur du « dépôt légal » de chaque artiste travaillant à l’Atelier de Saint-Prex, des dessins, des peintures et des livres d’artiste ont récemment rejoint les dépôts de la collection, grâce aux dons d’André Desponds et d’Isabelle et Jacques Treyvaud.
Né en 1930 à Chiasso, Pietro Sarto (Schneider de son vrai nom) grandit au Tessin, avant de s’installer avec sa famille en Suisse romande au début de la Seconde Guerre mondiale. Il ne suit pas un parcours classique (il est renvoyé de l’École de commerce puis de l’École des beaux-arts), mais fait preuve d’une insatiable curiosité artistique. Après quelques rencontres décisives (les artistes Marcel Poncet et Albert-Edgard Yersin), il effectue de fréquents séjours à Paris, avant de s’y installer à la fin des années 1940. Au cours de ces années parisiennes, il est profondément marqué par l’enseignement qu’il reçoit du graveur Albert Flocon, mais aussi par les cours du philosophe Gaston Bachelard. De retour en Suisse en 1959, il fonde à Pully l’atelier de gravure des Presses artistiques pour le compte de l’éditeur Pierre Cailler. Très actif dans le domaine de la gravure romande, Sarto joue un rôle actif dans la fondation du groupe L’Épreuve (en 1962), avec lequel il collabore à de nombreuses expositions. L’exploration minutieuse des différentes techniques de la gravure l’amène bientôt à fonder son propre atelier, d’abord à Villette, puis à Saint-Prex en 1971. L’Atelier de Saint-Prex, où collaboreront de nombreux artistes suisses et étrangers, se révèlera un haut lieu d’expérimentations techniques et d’effervescence créative. Les décennies suivantes sont marquées par de nombreuses expositions personnelles, mais aussi par des expositions réalisées en lien avec la collection de la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex.
Pietro Sarto ne se définit pas à proprement parler comme un graveur, mais plutôt comme un peintre-graveur, insistant ainsi sur l’interpénétration des deux techniques et sur leur enrichissement réciproque. De fait, les allers-retours entre peinture et gravure sont fréquents dans sa pratique, comme en témoignent non seulement l’adoption progressive de la couleur dans son œuvre gravé, mais aussi l’usage privilégié de l’aquatinte, une variante de l’eau-forte qui se rattache par certaines caractéristiques à la peinture. C’est avant tout dans le paysage, et en particulier dans ses vues du bassin lémanique, que cette interpénétration des réflexions et des procédés se manifeste de la manière la plus éclatante.