C’est essentiellement aux dessins transcrits sur pierre par cet artiste à succès, charnière entre le Romantisme et les avant-gardes, que les collectionneurs et graveurs de la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex se sont intéressés. Fantin-Latour a recours à ce médium qui favorise une écriture très libre du crayon lui permettant de dessiner ses portraits, et retracer des scènes intimes ou des évocations musicales. Fantin découvre en 1876 la technique de l’autographie, également utilisée par Camille Corot, qui lui permet d’alléger le procédé et de transposer sur la pierre un dessin préalablement réalisé sur un papier « report ». Blondeur des lumières et souplesse du trait caractérisent ses images, notamment dans des planches telles que Danses (1898) ou Ondine (1896), provenant aussi bien des collections de Gérard de Palézieux que de celle d’Isabelle et Jacques Treyvaud.
Avant tout célèbre pour ses portraits de groupe et ses tableaux de fleurs, Henri Fantin-Latour est aussi l’auteur d’une importante production lithographique. Né en 1836 à Grenoble, fils d’un peintre qui lui prodiguera son premier enseignement artistique, Fantin-Latour grandit dès 1841 à Paris. Il dessine dès son plus jeune âge, suit des cours dans une école de dessin, avant de poursuivre son apprentissage en copiant les œuvres des grands maîtres au Louvre. Il commence à peindre à dix-sept ans, réalisant d’abord des autoportraits et des portraits de ses proches. En 1861, il expose pour la première fois une toile au Salon, où en 1870 il rencontrera un vibrant succès avec Un Atelier aux Batignolles, portrait de groupe centré sur Édouard Manet – que Fantin avait connu au moment de ses visites au Louvre. Les natures mortes de fleurs apportent également à l’artiste une grande notoriété, notamment auprès du public britannique. Même s’il entretient des liens avec certains impressionnistes, Fantin reste à distance du mouvement, préférant suivre une voie plus personnelle, qui témoigne à la fois d’un respect pour la tradition et d’une curiosité pour l’avant-garde. Dans les années 1880, à côté de nombreux portraits, il s’attelle de plus en plus souvent à des œuvres d’imagination, dont les sujets sont inspirés par la mythologie et par sa passion pour la musique. Fantin, qui expose pour la dernière fois à Paris en 1900, meurt en 1904 dans sa propriété de Buré en Normandie.
Les débuts de Fantin-Latour en gravure remontent à 1862, quand il devient l’un des membres fondateurs de la Société des Aquafortistes, créée dans le but d’assurer le renouveau de l’eau-forte. Il s’essaie alors non seulement à cette technique, mais aussi à la lithographie. Ce n’est pourtant que dix ans plus tard, à l’occasion d’un festival donné à Bonn en l’honneur de Robert Schumann que Fantin revient à la lithographie. Grand mélomane, Fantin consacrera d’ailleurs une grande partie de son œuvre gravé à des sujets musicaux, inspirés par Wagner, Schumann, Brahms ou Berlioz.